Les compositeurs

Découvrez les trois compositeurs de notre programme Sur les routes de l’Est…

Erwin_schulhoff_SchulhoffDuo de Erwin Schulhoff

Le choix de commencer nos concerts « Sur les routes de l’Est » par le duo d’Erwin Schulhoff a mûri au fur et à mesure de notre travail, car on s’est très vite rendu compte qu’il y avait dans cette œuvre un grand nombre d’éléments du langage musical qu’on pourra percevoir dans les duos de Martinů et celui de Kodály.

On retrouvera chez eux une grande notion du contrepoint, avec un intérêt pour la musique ancienne mais aussi un sens du rythme viscéral, l’influence des chants et des danses folkloriques, comme dans le second mouvement de ce duo de Schulhoff qui porte l’indication « Zingaresca » qui veut dire « à la Bohémienne », « à la Tzigane ».

Erwin Schulhoff , dans une lettre à Alban Berg datée du 2 février 1921 écrit :

C’est incroyable comme j’aime les danses à la mode, et il m’arrive de danser des nuits et des nuits avec des entraîneuses pour le seul plaisir du rythme et de l’ivresse sensuelle qui s’empare de mon subconscient. J’acquière ainsi pour mon travail une source phénoménale d’inspiration, car ma conscience immédiate est on ne peut plus terre à terre voire animale.

Source : Dictionnaire des musiciens : (Les dictionnaires d’Universalis)


Duos de Bohuslav MartinuMartinu_1942ca

Nous avons voulu mettre au centre de notre programme « Sur les routes de l’Est » les deux duos de Martinu composés à plus de trente ans d’intervalle et qui ont un langage musical totalement différent ; on retrouve dans la première période créatrice de Martinu un style plutôt néo-classique, dominé par les influences du folklore tchéco-morave, le rythme de la Polka et même du jazz. Dans sa dernière période, celle du second duo, un an avant sa mort, Martinu tend vers un discours néo-impressionniste romantique tout en ayant développé une harmonie plus riche et plus originale.

En 1946, il dira :

Dans la pure musique de chambre, je suis  davantage  moi-même.  Lorsque  je  commence  à composer de la musique  de  chambre,  je  ne  puis  exprimer  la joie avec laquelle je conduis  ces  quatre voix.

 Source : pointculture.be

Dans ses œuvres les influences de Bohuslav Martinu ont été :

 […] Premièrement, je dirais la musique folklorique de mon propre pays, la Tchécoslovaquie, la seconde vient du Madrigal Anglais et la troisième de Debussy… 

Source : Interview USA 1942


Duo de Zoltán Kodály / rencontre avec Béla Vikar et Béla Bartók

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Ce voyage musical « Sur les routes de l’Est » se termine à Budapest où Zoltán Kodály écrit son duo en 1914 dans lequel on trouve un certain nombre de thèmes populaires. C’est grâce à l’ethnologue Béla Vikar, le premier à enregistrer sur phonographe, dès 1894, des chansons populaires hongroises, que Kodály rencontre Béla Bartók.

Ces deux hommes se lieront d’amitié et feront ce travail commun d’aller relever des thèmes folkloriques en parcourant les campagnes.

Vikar a fait un travail considérable. Il présente à l’Exposition Universelle de Paris de 1900 pas moins de 500 rouleaux sur lesquels étaient enregistrés plus de 1500 chansons folkloriques hongroises. Ses enregistrements influenceront profondément l’Œuvre de Bartók et de Kodály qui découvrent alors les traditions orales de la classe paysanne hongroise. Ils en tireront toute la richesse à la fois artistique, didactique et même scientifique.

D’ailleurs Kodály présente en 1906 sa thèse intitulée « La structure strophique des chants populaires Hongrois », et c’est bien ce langage musical avec ces accents de la langue parlée hongroise que nous retrouvons dans ce duo où s’entremêlent thèmes populaires d’une part, et couleurs impressionnistes d’autre part, l’impressionnisme que Kodály découvre un an plus tard, lors d’un séjour à Paris en écoutant la musique de Debussy.

Béla Bartók écrit en 1920 dans un article à propos de Zoltán Kodály :

Il nous a été transmis si peu de choses par écrit de la musique hongroise ancienne que sans des recherches sur la musique populaire, il ne peut même pas y avoir de conception historique de la musique magyare. […] Pour nous, la musique populaire a plus de signification que pour les peuples qui ont développé depuis des siècles leur style musical particulier.

Source : France Musique – 23 juillet 2013

Béla Bartók écrit en 1921 à propos de Zoltán Kodály :

Son art, comme le mien, possède des racines doubles : il a jailli du sol paysan hongrois et de la musique française moderne [Debussy]. Mais quoique notre art ait puisé sa source dans ce sol commun, nos œuvres ont été entièrement différentes dès le premier jour… il est possible que sa forme soit plus proche de certaines traditions. Mais c’est précisément cette différence essentielle qui, trouvant à s’exprimer dans sa musique en une manière de penser complètement nouvelle et originale, rend son message si précieux… 

Source : cultures-traditions.org

Béla Vikar à propos du collectage des musiques traditionnelles :

J’ai toujours eu une trop grande méfiance pour confier ce travail à des musiciens connaissant le solfège. Avec leur formation classique, ils ne peuvent pas restituer l’âme des chants populaires. 

 

Source : Journal Libération – Article de Nidam Abdi, 24 octobre 2001

Ces trois compositeurs ont chacun eu un grand intérêt pour les mouvements artistiques naissants, comme le dadaïsme ou l’impressionnisme.

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